Sa hotte qui mesurait un mètre vingt de haut et de cinquante centimètres de
large remplie d'articles pour dames (fils, lacets, rubans...).
Il allait à pied de village en village. On lui offrait le gîte et le couvert.
Il était connu et respecté de tous.
C'est lui qui faisait circuler les nouvelles de pays en pays
Bien entendu, ceux-ci ne transportaient pas le stock de marchandises nécessaires à toute leur saison. Ils se réapprovisionnaient dans les fabriques des régions visitées.
C'est avec les domestiques que les colporteurs réalisaient, de demeure on demeure, leur plus grand nombre d'affaires. Sans doute parce qu'ils ne vendaient qu'à crédit, sans même faire signer de papier. Ils n'encaissaient qu'au cours de la tournée de l'année suivante. Mais, pour rafraîchir la mémoire aux débiteurs oublieux (qu'on ne soupçonnait jamais de malhonnêteté), ils notaient sur leur calepin des détails concrets de la vente, le nom d'un ou deux témoins, des circonstances typiques.
C'était pour le colporteur un devoir professionnel que de se faire, sans on avoir l'air, une petite place dans l'intimité sociale des campagnes.On lui accorde aussi un rôle civilisateur. Il révélait des modes, propageait des goûts, les unifiait d'ailleurs d'une province à l'autre.
Il était parfois accompagné d'un jeune apprenti, sans doute un
enfant de sa famille. Ce pouvait être aussi un associé.., avec
lequel on se fichait parfois.
En principe en osier tressé, la balle permettait des chargements d'une
quarantaine de kilos. Elle était très haute, dépassant
la tête du porteur.
A un standing supérieur, le colporteur disposait d'un âne, d'un mulet ou d'un cheval. L'investissement majeur était la roulotte, aménagée éventuellement en éventaire pour permettre un étalage des produits sous les yeux de la clientèle.
A partir du XIXme siècle, les colporteurs les plus entreprenants, ceux
qui partaient à la conquête des marchés américains,
par exemple, utilisaient forcément les moyens de transport adaptés
à leur chargement, en général spécialisé
: semenses, racines protégées dans la paille, oignons ou livres.
De la balle en osier aux caisses de plusieurs quintaux pour embarquer sur les
paquebots, le colportage recouvrait une gamme presque Illimitée de fournitures.
Des légendes, comme celle de la Combe-du-Mercier dans Belledonne, font
du colporteur un marchand de fil, d'aiguilles, de dés à coudre,
de boutons, de rubans et autres tissus légers. On cite aussi des tissus
plus lourds, des draps, des vétements de travail, des capes limousines,
des chapeaux, des gants, puis la quincaillerie, la bimbeloterie, les couteaux,
les miroirs, la droguerie (aloès, antimoine, acide phénilque,
arnica), l'épicerie (sucre, café, chocolat), les objets plus précieux,
proches de la bijouterie... et, à l'occasion, des denrées plus
extravagantes comme ces trois mille escargots de l'Oisans, avec lesquels Jean
Eymnard quitta Clavans pour les vendre dans la Nièvre.
Mais deux types d'articles émergent dans l'histoire du colportage
aux XVII et XVIII, siècles, les livres ; au XIX siècle, les fleurs
et la lunetterie.
Celle ci permettait au colporteur de franchir allègrement la frontière
de la médecine, à force de compétences empiriques.
Ceux d'Auris étaient particulièrement forts. On en cite qui révèlaient
aux myopes le nombre de dioptries de leurs lunettes, rien qu'en touchant leurs
verres. d'autres monnayaient plus ou moins saintement des talents de vétérinaires,
de dentiste, de pharmacien, de guérisseur.
Moins ambitieux, d'autres se contentaient de services plus rassurant, de dépannages
minute, comme la réparation des ustensiles de cuisine ou un peu d'étamage
ou d'aiguisage.
C'est lui qui avait conquis les marchés les plus vastes et les plus lointains,
et qui réalisait les chiffres d'affaires les plus importants et les plus
gros bénéfices.
source :
http://www.styl-decor.fr/chapitre2.htm
Gabriel et Aurélien, 4e