L'Imprimerie Royale
En 1640, Richelieu créait l'Imprimerie
royale dans le but de "multiplier les belles publications utiles à la gloire du
roi".
Devenue aujourd'hui l'Imprimerie nationale, cette institution est
l'une des premières imprimeries de France : elle emploie 1900 personnes sur
trois sites industriels à Paris, Evry et Douai.
L'Imprimerie nationale
maîtrise les techniques d'impression les plus avancées, mais utilise encore les
métiers traditionnels de l'édition. Elle a conservé un atelier de typographie
dans lequel sont fabriqués, selon des méthodes ancestrales, les "beaux livres"
destinés au public.

Extrait de Paul Dupont, Histoire de l'imprimerie, Paris, Edouard
Rouveyre, sans date (1853)
Période où dominent les interdits :
- 1488. Lettres patentes. Charles VIII accorde aux imprimeurs
les priviléges dont jouissent les membres
de l'Université.
- 1513, 9 avril. Lettres patentes.
Louis XII confirme et étend les priviléges
des imprimeurs.
- 1516, 20 octobre. Lettres patentes.
François Ier confirme les priviléges
et immunités des imprimeurs.
- 1521, 20 octobre.
Ordonnance. François Ier défend de vendre aucun livre avant
qu'il ait été examiné par l'Université
et la Faculté de théologie.
- 1536, 8 décembre.
Déclaration. Voulant arriver à la restauration des belles-lettres
dans son royaume, François Ier défend de vendre ou envoyer en pays
étranger, aucuns livres ou cahiers, en quelques langues qu'ils soient,
sans en avoir remis un exemplaire ès mains des gardes de la Bibliothèque
royale.
- 1547, septembre. Lettres patentes. Henri
II confirme les priviléges des imprimeurs.
- 1547, 11 décembre. Lettres patentes.
Il ordonne que le nom de l'auteur et celui de l'imprimeur
soient imprimés sur tous les livres qui se publient, et défend d'en
imprimer aucun avant qu'il ait été vu et approuvé.
- 1550. Lettres patentes. Ordre de mettre dans
chaque bibliothèque royale un exemplaire des
livres nouvellement imprimés.
- 1551, 27 juin.
Déclaration. Les imprimeries et librairies seront visitées deux
fois dans l'année par les députés de l'Université
qui sont autorisés à saisir les livres suspects.
- 1560, mars. Lettres patentes. Charles IX confirme
les priviléges et immunités des imprimeurs.
- 1560, 18 avril. Arrêt du parlement. Défense
à toutes personnes autres que les libraires-jurés
de mettre en vente à Paris de livres ni autres choses imprimées
en latin ou en français.
- 1561, 17 janvier. Ordonnance.
Tous imprimeurs, semeurs et vendeurs de placards et libelles diffamatoires,
seront punis pour la première fois du fouet et pour la seconde de
la vie.
- 1563, 10 septembre. Ordonnance. Défense,
sous peine capitale, d'imprimer sans permission.
- 1566,
février. Ordonnance. Défense
d'imprimer aucun livre sans privilége du roi et sans y mettre le nom et
la demeure de l'imprimeur.
- 1572, 10 septembre. Déclaration.
Défense de faire imprimer hors de France.
- 1581, 16 novembre. Lettres patentes. Henri III
confirme et étend les privilèges des
imprimeurs.
- 1583, 30 avril. Lettres patentes. Les
imprimeurs sont exemptés de la taxe imposée sur les arts mécaniques.
- 1595, 20 février. Lettres patentes. Henri
IV confirme les priviléges et exemptions accordés
aux imprimeurs, libraires et relieurs.
- 1610, décembre.
Lettres patentes. Louis XIII confirme les priviléges,
exemptions et franchises dont jouissent les membres de l'Université, parmi
lesquels sont compris les imprimeurs et les libraires.
- 1617,
août. Édit. Ordre de mettre dans la
Bibliothèque publique du roi deux exemplaires de chaque ouvrage
nouvellement imprimé.
- 1618, 1er juin. Édit.
Règlement général sur l'imprimerie et la librairie. Établissement
d'une chambre syndicale. Le syndic et ses adjoints sont tenus de visiter les imprimeries
et les librairies et de veiller à l'exécution
des règlements. Conformément aux anciens statuts, les libraires
et les imprimeurs doivent demeurer dans le quartier de l'Université, dont
les limites ont été fixées à différentes époques
et en dernier lieu par le règlement de 1723.
- 1620,
1er avril. Arrêt du conseil. Les gazettes à la main sont défendues.
- 1624, 10 juillet. Ordonnance. Défense
d'imprimer aucuns mémoires concernant les affaires de l'État sans
expresse permission du roi.
- 1629, 15 janvier. Édit.
Le roi autorise le chancelier ou garde des sceaux à nommer des censeurs
pour l'examen des livres, et c'est sur leur approbation que le privilége
du roi doit être délivré.
L'Université réclame
inutilement contre cette atteinte portée à son droit d'examiner
les livres ; les règlements postérieurs restreignent encore sa juridiction
sur l'imprimerie et la librairie. - 1630, 21 décembre.
Déclaration dit roi. Défenses
aux particuliers de tenir des imprimeries chez eux, et aux ouvriers d'y travailler.
- 1649. Édit. Règlement
promulgué par Louis XIV sur l'imprimerie et la librairie. Les aspirants
à l'une ou l'autre profession doivent être Français, catholiques,
de bonnes vie et moeurs, et sont tenus de fournir un certificat du recteur de
l'Université, constatant qu'ils sont congrus en langue latine et qu'ils
savent lire le grec.
- 1652, 24 octobre. Arrêt
du conseil. Les imprimeries de ceux qui impriment des libelles
seront vendues sur-le-champ.
- 1653, 8 avril. Arrêt
du parlement. L'enregistrement du privilége
à la chambre syndicale est obligatoire pour chaque imprimeur
ou libraire.
- 1666, 18 août, Arrêt du
conseil. Les gazettes à la main sont prohibées.
Cet arrêt est confirmé par un autre arrêt du 9 décembre
1670, portant défenses à
toutes personnes de vendre aucuns libelles écrits, qualifiés gazettes
à la main, à peine de fouet et bannissement
pour la première fois et la seconde des galères.
- 1667, 17 février. Arrêt
du conseil. Défense à
la chambre de recevoir aucun maître imprimeur à moins qu'il ne soit
suffisamment instruit dans la langue latine et ne sache lire le grec.
- 1674,
4 juin. Déclaration. Révocation des
priviléges généraux accordés à des communautés
ecclésiastiques ou séculières pour imprimer les livres dont
elles ont besoin.
- 1686, août. Édit.
Règlement sur l'imprimerie et la librairie.
Le nombre des imprimeurs de Paris est fixé à trente-six; ils sont
tenus de prêter serment entre les mains du lieutenant général
de police, et chacun doit avoir au moins deux presses.
- 1686,
août. Édit. Les relieurs et doreurs forment une communauté
séparée de celle des imprimeurs et libraires de laquelle
ils faisaient précédemment partie.
- 1704,
21 juillet. Arrêt du conseil. Fixation du nombre
des imprimeurs et des libraires dans toutes les villes du royaume.
- 1713,
23 octobre. Déclaration. Les maîtres imprimeurs seront tenus
d'avoir au moins quatre presses.
- 1722, 13 septembre.
Arrêt du conseil. Louis XV promulgue un règlement
pour les colporteurs et afficheurs.
- 1723,
28 février. Ordonnance. Règlement arrêté en
conseil d'État sur l'imprimerie et la librairie de Paris.
Ce règlement,
qu'on peut regarder comme un code, fut rédigé par le chancelier
d'Aguesseau, et contient 123 articles. Il maintient les priviléges et franchises
accordés aux libraires et imprimeurs comme membres de l'Université
; - règle les conditions d'examen et d'admission des maîtres, la
durée de l'apprentissage, les devoirs des ouvriers, auxquels il défend
de faire aucune assemblée, coalition ou communauté.
Les imprimeurs
et libraires doivent être établis dans le quartier de l'Université.
Les impressions doivent être faites correctement, sur bon papier et en beaux
caractères.
Aucun livre ne peut être publié qu'avec approbation
et privilége du roi, et la mention du nom de l'imprimeur et de celui du
libraire. - Des exemplaires de chaque ouvrage imprimé doivent être
fournis à différentes bibliothèques.
Les publications
d'ouvrages par souscription ne peuvent avoir lieu sans autorisation.
La vente
des livres est exclusivement attribuée aux libraires et imprimeurs.
Les marchands merciers et les colporteurs ne peuvent vendre que des abécédaires,
almanachs et autres livrets revêtus de la permission du lieutenant général
de police.
L'étalage des livres sur la voie publique est interdit.
Le contrefacteur est puni corporellement et déchu de la maîtrise.
Les fondeurs de caractères font partie de la communauté des imprimeurs
et libraires, mais ne peuvent exercer ni l'une ni l'autre profession.
Le syndic
et les adjoints sont élus tous les ans en assemblée générale;
ils sont tenus de visiter les librairies, les imprimeries, les fonderies, magasins,
etc., d'assister à l'ouverture des ballots de livres qui doivent être
apportés à la chambre syndicale, de saisir les ouvrages dangereux
et de veiller à la stricte exécution des règlements. - 1723,
22 juin. Arrêt du conseil. Renouvellement des défenses
d'imprimer aucun livret ou écrit n'excédant pas deux feuilles d'impression
sans la permission du juge de police des lieux.
- 1728,
10 mai. Déclaration. Toute imprimerie doit porter une enseigne
visible et n'avoir aucune issue secrète ; il est défendu
de se servir de rouleaux (au moyen desquels on pouvait imprimer sans bruit)
La Révolution amène des libertés :
- 1789,
26 août. Déclaration. Abolition
des priviléges.
- 1791, 22-28 juillet. Décret.
Affiches. Celles de l'autorité sont sur papier blanc, celles des particuliers
sur papier de couleur.
- 1791, 3-14 septembre. Acte constitutionnel.
La Constitution garantit aux Français la liberté
d'écrire, d'imprimer et publier leurs pensées, sauf à
répondre des abus de cette liberté.
- 1793, 24 juin. Acte constitutionnel.
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
La liberté indéfinie de la presse est proclamée.
- 1793, 19-24 juillet. Décret. Propriété
littéraire. La Convention nationale en garantit la jouissance
aux héritiers pendant dix ans après la mort des auteurs.
[...]

sources :
http://www.culture.fr/culture/dglf/francais-aime/1997/portes_ouvertes.htm
Clément 4E et Charlie 4D