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Les caractères d'impression |
1. Son inventeur : Claude Garamond (1499-1561)
Claude GARAMOND a créé en 1545 l'écriture linéale. Longtemps ces types ont été désignés sous le nom de GARAMOND que l'on continue de donner en Allemagne et en Angleterre à un caractère du corps de 8 points. Claude GARAMOND, élève de Tory, fut un des plus célèbres graveurs et fondeurs de France. Ces caractères ont servi, en 1797, à l'impression des oeuvres grecques dites "du roi", et dont Robert Estienne fit un fréquent usage.
Les premiers imprimeurs fabriquaient eux-mêmes leurs propres poinçons, matrices et caractères. Le Garamond est l'un des plus mythiques de la typographie. Abondamment copié et interprété depuis sa création vers 1532, il est disponible aujourd'hui en de nombreuses versions dont les différences trouvent leur explication dans un savoir-faire ancien, la gravure de poinçons typographiques.
Claude Garamond, parisien, est célèbre dans l'histoire de la typographie ; sa carrière et sa vie privée sont mal connues. D'abord apprenti chez l'imprimeur parisien Antoine Augereau, qui aurait taillé des poinçons pour des caractères romains, il travaille ensuite chez Pierre Haultin et chez les Chevallon à son compte. En 1545 et 1546, Garamond s'occupe de la librairie ; il publie, en association avec Jean Barbé une dizaine de volumes imprimés par Pierre Gaultier. Après sa mort, l'essentiel de son matériel est racheté par son collègue Guillaume Le Blé, et le reste par Christophe Plantin à Anvers et par André Wechel à Paris.
En 1540-1541, François Ier lui commande les fameux caractères" grecs du roi", d'après les modéles fournis par le calligraphe crétois, Ange Vergèce ; ces caractères sont utilisés par les "imprimeurs du Roy pour le grec", à commencer par Robert Estienne ; les poinçons en sont précieusement conservés par l'Imprimerie nationale ; en 1946, ils ont été classés "monuments historiques".
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Le modèle des caractères Garamond (www.aglossa.net) |
2. Les spécificités des caractères Garamond
Si l'on attribue parfois à Garamond des caractères dont il n'est pas le créateur, on lui doit néanmoins, outre les «grecs du Roy», une belle italique et des caractères romains qui serviront de modèles à beaucoup de caractères postérieurs, ceux des Elzévir notamment.
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http://www.affaire-esperluette.com/polices/polgaramontin.htm |
Son utilisation
Garamond
Le Garamont de l'Imprimerie nationale, s'orthographie avec un « T » contrairement à tous les caractères portant ce nom qui s'écrivent avec un « D ». Caractère souvent cité pour son élégance, le Garamont occupe une place de choix dans l'impression d'ouvrages de bibliophilie.
Histoire : une prestigieuse réédition
Imitation du célèbre caractère gravé par Claude Garamond au XVIe siècle, le Garamont de l'Imprimerie nationale est aussi connu sous le nom de Romain de 1'Université.
Il est issu des matrices authentiques des corps 18, 24 et 36, achetées en 1641 par Sébastien Cramoisy, premier directeur de l'Imprimerie royale, à Jean Jannon, imprimeur et graveur.
Remis à l'honneur à l'occasion de 1'Exposition universelle de 1900, le Garamont de 1'Imprimerie nationale fut complété de douze corps en romain et italique, gravés sous la conduite du graveur Hénaffe et terminés en 1904.
Utilisation : beaux ouvrages
Le Garamont servit à la constitution du fonds typographique national lors des débuts de l'Imprimerie royale en 1640 à la galerie du bord de l'eau au Louvre, son premier lieu d'accueil. Il fut utilisé pour l'Impression de l'Instruction du Chrétien en 1642 .
Il fut également employé dans un grand nombre d'ouvrages de grande qualité illustrés par des artistes de renom.
Ce caractère, d'une grande élégance, un peu frêle, est magnifiquement épaulé dans les textes par son italique vigoureuse dont les variations de pente, parfois critiquées, donnent une couleur typographique particulièrement agréable.
Famille de caractères : les garaldes
Les garaldes tiennent leur nom de deux grands créateurs de caractères du XVIe siècle : le Français Garamond, et l'Italien Alde. Cette famille de caractères, typiques de la Renaissance, présente une meilleure définition que les caractères humanes.
L'élégance des garaldes en précise les grandes lignes : si de plus grandes finesses constituent leur ossature, certaines caractéristiques des humanes disparaissent avec les garaldes. Ainsi, en bas - de - casse, la barre oblique du « e » s'horizontalise et s'élève, le « a » gagne une larme ou une goutte, le « z » récupère une traverse pleine. En capitale, le « M » et le « A » perdent leurs empattements supérieurs.
La création des caractères garaldes, comme le Garamont de 1510
à 1530 et plus précisément leur production, furent motivées
par la rénovation d'une typographie rustique humane. Ces nouveaux caractères
devaient servir la volonté politique de transmission du savoir sous le
règne de François 1er. Ils sont l'adaptation graphique parfaite
pour la transcription de la langue française que les grammairiens, tel
Robert Estienne, commencaient alors de régir.
De même, le Caslon, qui répond aux nécessités de
transcription de la langue anglaise, est créé en Angleterre à
la même époque.
A la mort de Garamond...
A sa mort, ses caractères furent dispersés. Limprimeur anversois dorigine française Christophe Plantin en acquit lessentiel, une autre partie fut rachetée par lAllemand Jacob Sabon. Ce sont les poinçons de ce dernier qui servirent à imprimer le fameux spécimen de la fonderie Egenolff-Berner de Francfort en 1592, spécimen qui associa pour la première fois le romain de Garamond, à litalique de Granjon.
Autre source de confusion: le cas Jean Jannon. Ce dernier était imprimeur à Sedan vers le début du XVIIème siècle. Son matériel fut saisi sur ordre de Richelieu car Jannon était protestant vers 1640 et rappatrié à ce qui sappelait alors, lImprimerie royale. Lorsque ces caractères, au dessin très proche de ceux de Garamond, furent « redécouverts » par lImprimerie nationale en 1825, ils furent par erreur attribués à Garamond.
Italique de Garamond
Historique
Le Stempel Garamond est directement inspiré de lexemplaire dun spécimen typographique de la fonderie Egelnoff-Berner imprimé en 1592 à Francfort. Lhistoire de ce spécimen est un peu compliquée.
Tout remonte à Jacques Sabon, fondeur de caractères à Francfort qui acquit à la mort de Claude Garamond une partie de son fonds de commerce. Jacques Sabon connaissait dautant mieux les caractères de Garamond quil travailla ensuite à Anvers pour latelier de Christophe Plantin qui sétait porté acquéreur de la majeure partie du fond de commerce de Garamond.
En 1555, Jacques Sabon sassocia avec la veuve de Christian Egenolff, un imprimeur et fondeur de caractères de Francfort. Par la suite il épousa la petite-fille de Egenolff. A sa mort, cette dernière épousa Konrad Berner qui imprima le fameux spécimen.
Description
A la différence des autres types de Garamond, celui-ci est anguleux et incisé. Il est également légèrement plus gras et est donc très lisible comme caractère de texte.
Utilisation
Classique et très lisible, cest certainement une des versions du Garamond les plus judicieuse à utiliser
Année Police Famille Créateur (fondeur)
1600
1621 Romain de l'Université garalde Jean
Jeannon
1672 Fell types John Fell
1692-1702 Romain du Roi garalde-réale Philippe
Grandjean
1725 Caslon garalde William Caslon I
1739 Cochin garalde Charles Nicolas Cochin Paul
Dupont, Caractères d'imprimerie,
1742 Cicéro garalde-réale Fournier
le Jeune
1757 Baskerville réale John Baskerville
1783 Didot réale-didone François-Ambroise
Didot l'Aîné
1789 Bodoni didone Giambattista Bodoni
1800
1800 Walbaum didone
Justus Erich Walbaum
1805 Anglaise Didot scripte Firmin Didot
1817 Egyptian mécane Vincent Figgins
1834 Firmin Didot didone Firmin Didot
1845 Clarendon mécane Benjamin Fox (Robert
Besley & Co.)
1846-1866 Augusteaux réale-incise Louis
Perrin
1875 Normande didone (Haas)
1894 Century mécane de transition Linn Boyd
Benton
1896 Akzidenz Grotesk linéale (Berthold)
1896 Cheltenham mécane de transition Bertram
Goodhue
1898 Grasset garalde Eugène Grasset (Gustave
Peignot & Fils) d'après le Romain de l'Université
1900
1903 Franklin Gothic linéale
Morris Fuller Benton
19019018 News Gothic linéale Morris Fuller Benton
1911 Kennerley humane Frederic Goudy
1913 Plantin garalde Frank Hinman Pierpont, d'après
un catalogue de Christophe Plantin, Anvers XVIe siècle
1914-1929 Centaur humane Bruce Rodgers (Monotype), d'après
Jenson (1470)
1915 Century Schoolbook réale Morris Fuller Benton
1915 Goudy Old Style garalde Frederic Goudy
1916 Underground linéale Edward Johnston
1920
1925 Goudy Sans linéale
humaniste Frederic Goudy
1925 Perpetua réale Eric Gill
1927 Futura linéale géométrique
Paul Renner (Bauer)
1927 Kabel linéale géométrique
Rudolph Koch
1928 Gill Sans linéale humaniste Eric Gill
1929 Bifur mécane-didone A.M. Cassandre
1928 Kabel linéale Rudolph Koch
1929 Bembo garalde Stanley Morrison (Monotype),
d'après Alde Manuce 1415-1515)
1929 Metro linéale géométrique
W.A. Dwiggins
1931 Joanna réale Eric Gill
1931 Beton mécane Heinrich Jost
1932 Times New Roman garalde-réale Stanley
Morisson (Monotype), d'après Plantin
1933 Rockwell mécane Frank Hinman Pierpont
(Monotype)
1937 Peignot linéale onciale A.M. Cassandre
1938 Stencil pochoir R. Hunter Middleton
1940
1950 Alphabet 26 Bradbury Thompson
1950 Palatino garalde Hermann Zapf
1951 Banco Roger Excoffon
1951-1953 Helvetica linéale Max Miedinger
et Hoffman (Haas puis Stempel)
1952 Melior réale Hermann Zapf
1953 Mistral manuaire Roger Excoffon
1954-1957 Univers linéale Adrian Futiger
(Deberny et Peignot)
1955 Choc manuaire Roger Excoffon
1958 Optima linéale-incise Hermann Zapf
1960
1960 E13B chiffres (American Banker's Association)
1960 Pascal Jose Mendosa y Almeida
1960-1971 Avant-Garde linéale géométrique
Herb Lubalin et Tom Carnase (ITC)
1962 Eurostyle linéale géométrique
Aldo Novarese
1962-1966 Antique Olive linéale Roger Excoffon
1964-1967 Sabon garalde Jan Tschichold
1966 OCR-A mécane (European Computer Manufacturer's
Association)
1967 Serifa mécane Adrian Frutiger
1968 OCR-B linéale Adrian Frutiger (European
Computer Manufacturers' Association)
1973-1976 Frutiger linéale Adrian Frutiger
1974 Tiffany Ed Benguiat
1974 American Typewriter mécane Joel Kaden
et Tony Stan
1975-1978 Bell Centenial linéale Matthew
Carter (Monotype)
1978 Zapf Dingbats symbole Hermann Zapf
1980
1984 Typeface Two linéale Neville Brody
1984-1987 Stone Serif et Stone Sans réale
et linéale Summer Stone
1985 Lucida Serif et Lucida Sans réale et
linéale Charles Bigelow et Kris Holme
1985 Template Gothic Barry Deck (Emigre)
1986 Typeface Six linéale Neville Brody
1987 Charter Matthew Carter (Bitstream)
1987 Amerigo mécane Gerard Unger
1988 Arial linéale (Monotype)
1990 Emigre linéale Zuzana Licko
1990 Trajan incise Carol Twombly
1990 Minion réale Robert Slimbach (Adobe)
1991 New Times Millenium
garalde-réale Aurobind Patel
1991 Meta linéale Erik Spiekermann (Fontshop)
Sources :
http://www.aglossa.net/ecrits/une_histoire_des_polices_de_caractere
http://www.affaire-esperluette.com/polices/polgaramontin.htm
http://www.textesrares.com/dupon/d353car.htm
http://www.typographie.org/bodoni/g/garamond_stempel.html
http://www.affaire-esperluette.com/polices/polgaramontin.htm
Estelle, 5A, et Myléne, 5D